aus / from: Octopus (März 2000) p. 86

Musiques nouvelles / contemporaines / cinématographiques / inclassables ...

Avec sa touche de druide séculaire, et l'originalité presque virginale de son approche musicale - basée sur le principe d'articulation de la répétitvité et de la rupture (utilisation quasi-systématique des techniques du contrepoint et du canon dans ses modes de composition), MOONDOG, alias Louis Hardin, aura marqué et influencé nombre des compositeurs les plus marquants de la scène jazz (Miles Davis, Mingus, Ellington), de la musique minimaliste (Riley, Glass, Reich), ou de la confrérie des grands iconoclastes (Zappa, Burroughs, Ginsberg). Ayant choisi de s'exiler en Allemagne au milieu des années 70, il y est mort l'an passé dans une relative indifférence, nombreux étant ceux, principalement outre-Atlantique qui le croyait déjà mort depuis longtemps. Pourtant, au cours de ses dernières années, Moondog aura réalisé quelques disques - certes moins marquants que sa trilogie première, "Moondog", "More Moondog", "The Story Of Moondog" datant des années 60, qui trouvera des interprètes comme Janis Joplin pour transposer son message - parus sur le label allemand Kopf (/Oka). On y découvre essentiellement la plénitude d'un vieil homme, qui exprime sa foi éternelle dans les vertus de la nature et des sociétes "primitives" qu'il a cotoyées dans son enfance - son père était pasteur aux marges d'une réserve indienne du Wyoming - à travers une instrumentation traditionnelle réagencée (l'utilisation des marimbas, sorte de xylophone en bois des peuplades amérindiennes, sur "Elpmas"). On y trouve aussi un compositeur amouraché d'un certain dépouillement du langage musical, à travers un instrument vénérable comme l'orgue ("A New Song For An Old Instrument"), ou les réminiscences de structures musicales classicisantes - et notamment Bachiennes ("In Europe"). On y perçoit surtout la flamme vivace d'un homme qui, ayant perdu, adolescent, la vue accidentellement, consacra sa vie à sa musique avec la force du juste, et qui exprime au soir de celle-ci toute la force d'une poésie des mots si longtemps retenue ("H'art Songs"), avec comme fondement de but, un dernier disque en forme d'hommage à l'amitié, en l'occurence celle de Charlie Parker ("Sax Pax For A Sax").